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2. Accompagner l’expérience d’être Parent

P : Partage
A : Actions de Prévention
R : Rêverie
E : Etre parents
N : Nous, « Ils sont comme nous, comme moi »
T : Transmission
A : Accompagner le « sujet »
L : Lien renoué
I : Invitation à la parole
T : Totem
E : Envie d’ouverture

Dans la Parentalité on peut distinguer trois niveaux :

  • L’exercice de la parentalité qui renvoie à la dimension symbolique. Cela concerne les droits et les devoirs des parents, la place donnée des parents dans l’organisation du groupe social et tout ce qui concerne la filiation, la généalogie.
  • L’expérience de la parentalité qui concerne l’expérience subjective d’être parent : C’est tout le processus psychique par lequel on devient parent en fonction de ce qu’on a en soi psychiquement, de ce qu’on a vécu avec nos propres parents. C’est à ce niveau-là que se met en place la relation affective et imaginaire. Avec le désir d’enfant, c’est un processus psychique qui commence dans l’enfance et qui se réalise à l’âge adulte. On est dans la dimension subjective, celle où se déploient tous les mécanismes de transmission transgénérationnelle.
  • La pratique de la parentalité c’est plutôt tous les actes de la vie quotidienne qui incombent à chacun des parents : les soins, les interactions comportementales, les pratiques éducatives.

Certains parents témoignent ainsi après ces rencontres : « Ça apporte un plus », « être plus attentive à mes attitudes », « on peut remettre en question soi dans la tête ».

Les Ateliers de Parentalité dont la première mission est la prévention, c’est-à-dire transmettre « des idées, des précautions destinées à empêcher que des attitudes risquées adviennent » amènent aussi apparemment un mouvement mutatif. Cette dimension mutative, transformatrice, à peine repérable, perceptible peut peut-être s’attribuer à différents facteurs :

Le fait d’offrir un espace d’expression, sans enfants, non jugeant, non culpabilisant, sans visée thérapeutique amène chacun dans une ambiance plutôt sereine, à prendre la parole de façon authentique et à être écouté. Chacun se qualifiant ainsi comme un « parent » et faisant l’expérience subjective « d’être parent ».

Cette expérience d’être parent peut s’entendre comme une expérience symbolique dans le discours énoncé du parent, dans la formulation de son avis, sa tentative de rattachement à des schémas de fonctionnement personnel (de ses enfants, de sa famille et de lui-même), ses possibilités de comparaisons entendues et discutées avec les autres parents quant aux façons de faire. Expérience agissant comme autant de théorie et de lois qui n’ont pas forcément à être communes pour faire l’objet d’une communauté. Certains parents l’expriment ainsi « mêmes questions, mêmes inquiétudes… être parent c’est l’universalité… on n’est pas seul, ils sont comme nous, comme moi ».

Cette expérience d’être parent peut aussi être considérée comme une expérience imaginaire dans la mesure où sous le regard de l’autre, devant l’autre ; on manie un discours (discours sur l’enfant, sur le fonctionnement des parents) qui agit dans l’après-coup et valide qu’on soit « ce parent-là, de cet enfant-là » prorogeant ainsi le désir d’enfant. Désir agissant comme une recharge narcissique que les parents décrivent en termes d’énergie retrouvée, de bouffée d’oxygénation, de sensation dynamisante et ragaillardisante.

A l’occasion de ces rencontres entre parents, un jeu symbolique est ainsi redoublé d’un jeu imaginaire lui-même amplifié par l’effet de groupe. Le fait d’être en groupe permet d’ailleurs un jeu d’identifications mais aussi de désidentifications. En écoutant d’autres parents, en se comparant à eux, cela peut permettre de sortir, d’assouplir, un schéma de parent uniquement validé par ses propres parents et alors d’en imaginer un autre.

Les Ateliers de Parentalité permettent aussi d’approcher cette vérité étonnante que donner la place de sujet à leur enfant dans notre propre discours permet au parent de l’entendre et peut-être d’en faire un fait expérientiel pour lui-même, un fait de parole, effet parfois saisissant et repérable dans ces groupes où un parent se découvre alors « sujet parlant de son enfant sujet ». On peut imaginer que cette découverte sera beaucoup plus mutative sur les interactions parent-enfant ou les attitudes éducatives que tous les bons conseils de spécialistes bien pensant, souhaitant apprendre à des parents à être parent d’enfant qui n’existe pas.

Dans ces rencontres, il n’est pas à négliger l’exercice d’un certain plaisir à penser, dont certains parents s’étonnent ; ils parlent de : « partages d’idées… », de « pas de côté ». De cette confiance qui s’instaure de par la liberté de parole, par cette réflexion commune, par ce plaisir à fonctionner ensemble, une envie d’échanges, d’approfondissement, d’ouverture vers les autres peut s’éveiller et se poursuivre dans les relations naissantes de ces parents. « Ça a changé la vie de quartier ».

La spécificité du travail de prévention, la particularité du lieu d’intervention « l’école » en décalage avec les groupes de parents plus circonstanciels, conduit sans doute l’intervenant à adopter une position originale. Une position nuancée de parole et de silence, de relances et de retrait où à l’objectif de circulation nécessaire de la parole s’ajoute ce que je ressens comme une espace de rêverie, de création. Ce que j’entends par ceci, c’est la possibilité ou l’incitation offerte à explorer certaines pistes, à proposer un étayage par l’abord de certains thèmes, à s’autoriser à l’édification de sa propre place de parent qui reste sans cesse à inventer, réinventer... »

Mme Séverine Muzet
Psychologue-clinicienne
Intervenante spécialisée de Arcréation

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